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Interrogé par Aujourd'hui en France, Aimé Jacquet revient sur les terribles désillusions suscitées par l'Equipe de France durant ce Mondial

Que ressentez-vous après l’échec des Bleus ?
Plus que de la tristesse… Je suis KO debout. Au fond de moi, j’étais certain que la France allait faire un grand match. Qu’est-ce que j’étais naïf ! Cette défaite, c’est du même niveau que la non-qualification pour le Mondial 1994 ou l’élimination au premier tour en 2002. Deux points noirs du foot français. Je suis abattu. En sport, il n’y a qu’un juge de paix, c’est le terrain. Son verdict nous a livré une vérité incontestable : nous n’avons pas le niveau mondial.

Qu’est-ce qui vous agace le plus ?
L’attitude des joueurs. Après une qualification très difficile, je pensais que la force de l’événement allait les transcender. Qu’ils allaient prendre la dimension du truc. Et, finalement, rien. Ce n’est pas la défaite qui m’énerve, c’est l’attitude des joueurs.

C’est-à-dire ?
Pas de révolte, pas d’envie, pas de volonté collective. Aucune stimulation entre eux. Qui a joué pour le copain ? C’est simple : les joueurs sont passés à côté de cette Coupe du monde. On a vu des spectateurs, pas des acteurs. J’ai cru à leurs discours expliquant que l’ambiance était super entre eux. C’est peut-être vrai, mais cela ne s’est pas vu sur le terrain.

Est-ce que vous auriez fait les mêmes choix que Raymond Domenech ?
Il y a des joueurs que je n’aurais pas emmenés. Mais il serait insupportable et malsain de dire lesquels. Chaque technicien a sa sensibilité. Maintenant, il faut se dire que tout est fini et qu’un nouveau cycle démarre.

Sur un tel champ de ruines, la tâche de Laurent Blanc n’est-elle finalement pas facilitée ?
 Non. Rien ne sera facile pour lui. Il faut aller très vite et retrouver un fil conducteur à cette équipe. Laurent Blanc n’a pas beaucoup de temps devant lui.

Source : Aujourd'hui en France du 19 juin 2010