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[Epopée] Putain de poteaux carrés ..

Anniversaire 40 ans Epopée Saint-Etienne

La qualification en poche, le Peuple vert est en ébullition. Le club et les agences de voyage croulent sous les demandes… Tout le monde tient à être à Glasgow pour voir les Verts soulever la première Coupe d'Europe française. Il faut toutefois patienter près d'un mois jusqu'au 12 mai et la saison continue. Leaders du championnat, les Verts l'emportent à Strasbourg (2-0) avant d'accueillir le Nîmes Olympique. Installés dans le ventre mou du classement, les Gardois font preuve d'un engagement physique dont les Vert paient le prix fort : deux titulaires indiscutables, le latéral Gérard Farison et le milieu Christian Synaeghel, doivent faire une croix sur la finale.

« Je n'oublierai jamais... témoigne le premier. Dès que j'ai été taclé, j'ai senti une douleur vive. Je ne pouvais plus marcher et j'ai tout de suite compris que c'était fichu pour la finale. C'est une grande déception et la fédération est un peu fautive. Elle aurait peut-être pu nous protéger en ne nous faisant pas disputer ce match si près de la finale contre une équipe dont on savait qu'elle avait l'habitude de jouer dur. » Autre motif d'inquiétude : l'état de santé de Dominique Rocheteau. Touché à la cuisse contre Eindhoven, il n'a plus joué depuis.

En France, c'est l'effervescence à l'approche de l'événement et le tube de Monty Allez les Verts tourne en boucle. La presse, aussi bien nationale que régionale, ne parle presque que de cela et, le mercredi 12 mai sur TF1, Yves Mourousi présente même un journal télévisé... tout en Vert ! Dès le petit matin, les décollages d'avions s'enchaînent au départ de Saint-Etienne et Lyon notamment. 25 000 à 30 000 Français sont attendus.



A Glasgow, le Peuple vert est accueilli en toute amitié par les locaux, qui ont choisi leur camp. Ce ne sera pas celui du Bayern, qui a tenté de faire délocaliser la rencontre à Berne ou à Rome. Un Bayern vainqueur d'une rencontre qui a fait polémique, un an plus tôt en finale de cette même C1, face à un Leeds United qui avait pour capitaine l'Ecossais Billy Bremner. Les joueurs stéphanois, eux, ont gagné le Royaume-Uni dès le lundi après un dernier entraînement électrique. Le lendemain, Robert Herbin a fait une causerie en fin de matinée et son groupe s'est entraîné à Hampden Park après la sieste. Le jour J, Roger Rocher répond à Jacques Chancel sur un bout de table pour l'émission Radioscopie, diffusée en différé en fin d'après-midi. Les joueurs s'occupent comme ils peuvent, mais la journée est longue jusqu'au coup d'envoi. Les deux équipes sont-elles pressées d'en découdre ? Toujours est-il qu'elles ne sacrifient pas aux traditionnelles photos d'avant match. Les quelque 20 millions de téléspectateurs français réunis devant TF1, qui a gagné par tirage au sort le droit de retransmettre la rencontre au détriment d'Antenne 2, se font une première frayeur dès la 2e minute. L'arbitre refuse finalement le but de Gerd Müller pour une position de hors-jeu.

Finale Glasgow

La rencontre s'emballe à la demi-heure de jeu. Plein axe, Dominique Bathenay élimine plusieurs adversaires avant de décocher une frappe puissante qui vient s'écraser sur la transversale. La balle revient sur Hervé Revelli, seul au point de penalty, qui se précipite et envoie le ballon dans les gants du gardien adverse. Même conclusion cinq minutes plus tard lorsque la barre renvoie la tête de Jacques Santini. Par deux fois, les poteaux carrés d'Hampden Park viennent de repousser les espoirs stéphanois en même temps qu'ils ont lancé un débat qui n'a, aujourd'hui encore, pas trouvé sa conclusion : que se serait-il passé si l'enceinte écossaise avait été dotée, comme la plupart des autres stades, de montants circulaires ? Si, depuis, des auteurs se sont posé la question, sur le moment, Jean-Michel Larqué et les siens n'ont pas le temps de disserter sur le sujet. Car, entre leurs deux échecs, les Bavarois ont eux aussi eu l'opportunité de débloquer le tableau d'affichage : Ivan Curkovic détourne le tir puissant de Karl-Heinz Rummenigge, mais le ballon roule sur sa ligne et le gardien doit intervenir une deuxième fois en catastrophe avant que Christian Lopez ne devance Gerd Müller pour dégager en corner.

Finale Glasgow

La seconde période repart sur les mêmes bases et Christian Sarramagna est le premier à créer le danger. Il reprend de la tête le centre de Patrick Revelli, mais le ballon flirte avec le mauvaise côté du poteau allemand. Cinq minutes après le retour de Christian Lopez dans les pieds de Karl-Heinz Rummenigge, seul devant Ivan Curkovic, Gerd Müller pousse Osvaldo Piazza à la faute. A partir de cet instant, les versions divergent. Dans leurs comptes rendus, certains journalistes évoquent un coup franc généreux quand d'autres mentionnent une faute logique. Quoiqu'il en soit, une combinaison entre les deux Franz - Beckenbauer décale le ballon à Roth - permet à ce dernier de tromper “Curko” sur sa droite. Là encore, des Stéphanois pestent, arguant que les Allemands ont joué avant le coup de sifflet de l'arbitre, tandis que leur dernier rempart plaçait son mur…

Qu'importe, il faut courir après le score. A la 83e, Robert Herbin fait enfin entrer Dominique Rocheteau. Bien que bandé à la cuisse, l'ailier affole l'arrière-garde allemande. Mais ne fait pas mouche. Les Verts sont passés à côté de leur rêve. Ils ne seront pas champions d'Europe. « Autant nous avions fait des matches de qualité auparavant, autant ce soir-là on a été malheureux et pas très bons& », constate Jean-Michel Larqué avec le recul.

Finale Glasgow

Les Français quittent la pelouse malheureux et en pleurs, à l'image de Jacques Santini. « Je ne suis pas allé chercher ma médaille moi-même/em>, reconnaît Patrick Revelli. Nous étions tellement abattus qu'on est pratiquement tous rentrés au vestiaire. L'ambiance qu'il y régnait ? Il m'est compliqué d'en parler... Même 40 ans après ! Cela me rappelle de mauvais souvenirs alors que je préfère retenir les bons, comme l'amitié qui nous unit. Pour moi, elle est plus importante qu'une victoire en Coupe d'Europe. »

Seul Jean-Michel Larqué, que des officiels viennent solliciter, ressort pour se soumettre au protocole. Vêtu d'un maillot de rechange après avoir échangé sa tenue de match avec Franz Roth, il serre les mains des personnalités et est le seul Stéphanois à venir récupérer sa médaille. Un scénario improbable aujourd'hui. « Cela veut dire que l'UEFA a fait des progrès au moins sur un point », glisse avec malice le consultant de RMC.

Bien que marqués par l'issue de cette finale, les joueurs de Robert Herbin acceptent de répondre aux journalistes. Dominique Bathenay déclare ainsi : « L'année dernière, nous sommes allés en demi-finale de la Coupe d'Europe. Cette année en finale. L'année prochaine, nous la remporterons ! » Quatre décennies plus tard, celui qui est devenu entraîneur en sourit. « Il fallait bien répondre quelque chose... note-t-il. En même temps, nous étions encore jeunes. Nous avions manqué le titre de peu et allions être champions de France, ce qui allait nous permettre de rejouer cette Coupe d'Europe. J'avais vraiment espoir de la gagner. »

Malgré la défaite, le retour en France est grandiose. Invités à l'Elysée, les Verts doivent d'abord descendre les Champs-Elysées. Certains sont sceptiques sur l'animation née de l'imagination de leur ami journaliste Jacques Vendroux. Qui viendrait saluer des perdants ? Les Stéphanois saisissent vite l'admiration qu'ils suscitent en se faufilant tant bien que mal parmi les 100 000 Parisiens venus les acclamer. Et c'est avec 45 minutes de retard qu'ils rejoignent le président Giscard d'Estaing. Les festivités se prolongent le lendemain à Geoffroy-Guichard, avec un tour d'honneur après le discours de Roger Rocher, mais il faut déjà se replonger dans le quotidien. L'ASSE, malgré trois matches de retard à disputer en première division, ne compte qu'un point de retard sur les Niçois. C'est finalement en disposant de l'AS Nancy-Lorraine que le club est sacré pour la neuvième fois.

Les statistiques et les pages du site www.anciensverts.com