La fiche complète de l'ancien Vert Pierre MAREY

Nom Prénom Club

MAREY

Pierre

Niveau : Décédé
Pierre Marey

Premier directeur sportif de l'ASSE

Le 26 juin 1933, Pierre Guichard pouvait annoncer fièrement dans son journal « Nos Sports » la naissance d’un nouveau club de football : l’Association Sportive de Saint-Etienne qui a obtenu l’autorisation d’utiliser des joueurs professionnels et de s’inscrire dans le championnat de France de deuxième division. Cet engagement est le résultat d’un travail acharné favorisé par le soutien de la Société Casino, ce qui a permis de supplanter d’autres candidats pourtant mieux placés. En effet, à Saint-Etienne, une autre formation avait entrepris les démarches pour accéder à l’élite. Il s’agissait du Saint-Etienne Sporting Club qui évoluait en division d’honneur du Lyonnais alors que l’Association Sportive Stéphanoise, ancêtre de l’ASSE, jouait au niveau départemental. Malheureusement, le Sporting, qui avait pourtant la préférence des instances régionales, n’a pu recueillir les garanties financières suffisantes et a du s’effacer face à sa rivale. Un autre club de la vallée du Gier aurait pu prétendre à cette place. Le CO Saint-Chamond, équipe phare du bassin stéphanois, trustait les titres en division d’honneur de la ligue du Lyonnais (6 fois champion entre 1925 et 1933) et a atteint les 32e de finale de la Coupe de France en 1928. Là encore, le manque d’enthousiasme de la part des industries locales lui a été fatal. Le champ était libre pour Pierre Guichard et sa troupe.




LE PREMIER DIRECTEUR SPORTIF DE L’HISTOIRE DU CLUB


Pierre Guichard est pétri d’ambition pour sa toute jeune équipe. Il veut monter rapidement en première division. Pour réaliser cet objectif, il doit s’entourer d’éléments de confiance et surtout il doit trouver la perle rare capable de gérer un club de football car si son équipe dirigeante est enthousiaste, elle est constituée pour la plupart de cadres de la société Casino qui n’ont aucune connaissance du sport de haut niveau. Recruter quelqu’un de l’extérieur semble compliqué pour les finances naissantes de l’ASSE. Or il existe dans la région, un responsable sportif qui possède déjà l’expérience de la gestion d’un effectif destiné à remporter régulièrement des trophées.
Cet homme s’appelle Pierre Marey. Ancien président du CO Saint-Chamond (qui, on l’a vu plus haut, domine le football régional) et fort d’une carte de visite où figure un palmarès sans égal, il accepte le challenge proposé par Pierre Guichard. Ancien journaliste, passionné de football, il devient alors secrétaire général du club, seul dirigeant salarié, membre du comité directeur et donc le premier directeur sportif de l’histoire de l’AS Saint-Etienne.

Pierre Marey se met immédiatement au travail. Tout d’abord, il n’arrive pas en terrain inconnu car il rejoint ou il emmène dans ses bagages plusieurs joueurs de Saint-Chamond (Champier, Hartman, Kurtz…) puis bénéficiant des moyens accordés par son président pour recruter, il fait venir dès la première année un important contingent de joueurs britanniques. Sont ainsi arrivés Pollard, un arrière gauche, en provenance de Manchester, Rivers (un milieu défensif) qui venait de Southampton et pour diriger le premier effectif stéphanois, Albert Locke, encore un Anglais, qui a bourlingué à Chelsea, Coventry et dernièrement à Roubaix où il a été récupéré pour être engagé en tant qu’entraîneur-joueur. Comment Saint-Etienne s’y est-il pris pour les convaincre de venir dans le Forez et évoluer en deuxième division ? Par les salaires, bien sûr mais pas seulement. Les émoluments étaient intéressants : 1500 francs par mois plus des primes de 50 ou 100 francs ce qui permettait à chaque professionnel, pour peu qu’il soit raisonnable, de très bien vivre. Mais ce n’est pas tout. Pierre Marey avait une botte secrète : comme sa femme était anglaise, il disposait d’un très bon réseau relationnel outre-manche d’où ces signatures qui auront permis de réaliser une très bonne première saison.

LE VERITABLE PATRON DU CLUB


Tout est à construire. Aussi, il n’était pas rare d’avoir recours au système D et pour adoucir le côté improvisation de ces premières démarches, Marey s’avérait indispensable. D’ailleurs, les témoignages d’époque le prouvent. Il est le véritable patron du club. C’est lui qui gère au quotidien l’effectif stéphanois, qui organise les déplacements en train, d’abord dans des compartiments de troisième classe puis progressivement dans des wagons de deuxième classe.
Sous sa houlette, l’équipe administrative s’étoffe peu à peu avec le renfort d’une secrétaire à mi-temps puis peu de temps après avec le recrutement d’un masseur, le père Givry qui est resté jusqu’en 1962. Il avait installé un cabinet très couru à Saint-Etienne et il n’a laissé que des bons souvenirs au club.
La première saison a laissé envisager de belles promesses, les Verts ont échoués pour la montée ne s’inclinant qu’en barrages alors qu’ils avaient terminé second du championnat derrière Alès mais les suivantes ne sont pas celle de la confirmation et pourtant ce n’est pas faute d’insister. Pierre Marey a tissé des liens très étroits avec Georges Bayrou, le Président du FC Sète et c’est tout naturellement dans ce club que l’ASSE va faire son marché. Ainsi sont recrutés successivement par exemple, Stevanovitch, Chalvidan, Llense (lorsque l’ASSE rejoindra la D1) et surtout le fantasque Ivan Beck que le directeur sportif devra surveiller comme le lait sur le feu. Et pourtant quel talent !
De plus, en collaboration avec Pierre Guichard, il tient à jour un répertoire sur lequel sont inscrits les meilleurs joueurs cités chaque semaine par les journaux spécialisés. Il pouvait alors proposer en toute connaissance de cause des renforts à son président qui mettait alors tout en œuvre pour les faire venir dans le Forez. Des joueurs renommés comme Max Charbit, l’ancien capitaine de l’Olympique de Marseille vainqueur de la Coupe de France (1935) , Roger Rolhion ou Marcel Langillier autres gagnants de la Coupe de France (1930 pour Rolhion, 1933 pour Langillier) ou encore Ignace Tax, pour ne citer qu’eux, ont ainsi répondu présents.

Rien n’est trop beau pour arriver enfin à réaliser l’objectif que se sont fixés les Stéphanois : l’accession en première division. Après cinq années d’essais infructueux, de tentatives avortées, l’ASSE touche enfin au but et Pierre Marey peut voir des lors ses immenses efforts récompensés grâce à la victoire 7-3 sur l’US Tourcoing lors du dernier match de la saison 1937-38.
Pour ne pas risquer la descente après une seule saison parmi l’élite, on emploie de nouveau les grands moyens et Marey obtient la signature entre autres de Réné Llense, gardien de but de l’équipe de France et d’un homme dont on reparlera beaucoup à Geoffroy Guichard, Jean Snella. La mise au vert devient systématique. Elle s’effectue dans un hôtel de Montrond Les Bains sous la surveillance constante de Pierre Marey qui, redoutant les frasques de certains de ses protégés, restait assis toute la nuit sur la dernière marche du perron. Peine perdue, ses efforts étaient régulièrement voués à l’échec.
Il n’empêche. Grâce notamment aux méthodes appliquées assidûment par le directeur sportif, jugées avant-gardistes pour l’époque, les Verts obtiennent une brillante 4e place pour leur premiers parcours en D1 derrière Sète, l’Olympique de Marseille et le Racing Club de Paris (excusez du peu) mais devant Lille et Sochaux autres grosses cylindrés des années 30. Ils pouvaient s’enorgueillir de posséder la meilleure défense du championnat (30 buts encaissés) et comptaient des victoires de prestige notamment face à l’OM (1-0, but de Tax) le 6 novembre 1938.


Tout l’avenir semblait devant eux. Malheureusement, la guerre est passée par là cassant net cette belle dynamique. Orphelin de Pierre Guichard, qui a jeté une première fois l’éponge en 1943, Marey ne connaîtra plus la même consécration avec l’ASSE.

Néanmoins, si Saint-Etienne est toujours fidèle au poste aujourd’hui, c’est assurément grâce à des hommes comme Pierre Marey. Il a su, avec son enthousiasme et sa foi à faire déplacer des montagnes, construire des fondations solides qui ont permis au club de surmonter les premières crises alors que d’autres et non des moindres (Sète, Racing Club de Paris, Roubaix…) ont disparu de la circulation avec pertes et fracas.
Il s’éteint en 1970 avec, très certainement, le sentiment d’avoir apporté sa pierre à l’édifice stéphanois. Sans lui, qui sait si l’ASSE aurait pu remporter tous ces trophées ?

Merci à Tex



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[Site] 2 nouvelles fiches et 26 autres modificationsVendredi 24 février 2017 13:05


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